Les abeilles sauvages

Un autre regard sur ces magnifiques insectes

Les abeilles sauvages

Un autre regard sur les abeilles

Dans la nature, il existe en réalité une multitude d’espèces d’abeilles, dont pas moins de 615 sont présentes en Suisse. La plus petite d’entre elles est l’abeille des steppes (Nomioide Minutissimus), qui mesure environ 3 millimètres, et la plus grande est la reine des bourdons terrestres (Bombus Terrestris), qui mesure près de 3,5 centimètres.

Parmi elles, se distinguent encore abeilles domestiques – ou semi-domestiques dirions-nous plutôt – (Apis Mellifera ou abeilles à miel) et abeilles sauvages, aux modes de vie distincts et extrêmement variés. Semi-domestiques parce que d’une certaine manière, s’il est possible d’élever des abeilles, premier rôle de l’apiculteur, les abeilles n’écoutent qu’elles-mêmes, et ne répondent pas véritablement aux demandes de l’apiculteur. Elles restent toujours libres d’aller et venir comme bon leur semble.

Quid des abeilles sauvages ? Il est fondamental d’apprendre à les connaître pour mieux les comprendre et pouvoir les aider.

Les abeilles sauvages sont majoritairement solitaires, et ne produisent pas de miel. Elles vivent moins d’un an et meurent généralement en hiver, peu après avoir pondu.

Elles nichent dans les biotopes naturels, principalement dans les sols, de préférence sableux, mais aussi dans les tiges creuses, les coquilles vides d’escargots ou dans différents petits habitats adéquats à leur développement.

Les abeilles sauvages ont besoin, comme les abeilles mellifères, de plantes nourricières en abondance, qui doivent être disponibles en qualité et quantité suffisantes du début du printemps jusqu’à la fin de l’été.

Elles ont un rayon d’action limité, d’une distance d’environ 200 à 300 mètres autour de leur lieu de nidification, pour récolter le pollen et le nectar essentiels à leur survie.

En bordure de zones agricoles, il nous est possible d’offrir aux abeilles sauvages des aires aménagées de fleurs mellifères essentielles à leur développement

La fondation Arche des Abeilles a ainsi semé plus de 50’000 m2 de fleurs en deux ans.

Le potentiel des zones urbaines est également considérable: y fabriquer et installer des nichoirs à abeilles est de plus en plus fréquent. Mais s’ils sont importants sur un plan pédagogique, ces nichoirs nauront que peu dimpact sur les communautés dabeilles sauvages.

Cycle de vie

Contrairement à l’abeille domestique, l’abeille sauvage est principalement solitaire.

Il n’y a pas de reine, chaque femelle pond des œufs, qu’elle dépose un à un sur le stock de nourriture, préalablement approvisionné avec du pollen et du nectar. Elle construit ensuite une paroi de séparation avec la cellule voisine, puis quitte le nid. Une femelle ne construit que 10 à 30 cellules durant sa vie.

Après l’éclosion, les larves se nourrissent par elles-mêmes des réserves à disposition.

Le cycle de vie des abeilles sauvages dure environ une année, mais elles volent uniquement pendant 3 à 7 semaines.

Certaines d’entre elles, les abeilles maçonnes, hibernent l’hiver dans leurs cocons. Elles peuvent alors survivre à des températures allant jusqu’à -25°C.

Régime alimentaire et habitat

Toutes espèces confondues, les abeilles ont en commun le fait que le régime alimentaire des adultes et des larves est purement végétal, sous forme de pollen et de nectar.

Chez les abeilles sauvages, l’emplacement choisi pour construire le nid diffère beaucoup d’une espèce à l’autre : terrier creusé dans le sol (Andrena Nitida), tiges de végétaux creuses ou contenant de la moelle (Ceratina Cyanea), bois mort, coquilles vides d’escargots (Osmia Aurulenta), fissures dans les pierres ou dans le bois sont autant de possibilités.

Quelques espèces façonnent même des nids en dehors de toute cavité, en mortier minéral ou résine végétale, qu’elles fixent aux pierres ou aux plantes (Anthidium Strigatum).

Pour des raisons physiologiques, morphologiques ou comportementales, les abeilles sauvages sont souvent des pollinisatrices plus efficaces pour certaines plantes que les abeilles domestiques. D’où leur importance dans l’équilibre de notre biodiversité.

Les plantes nourricières

Les sources de pollen les plus importantes se trouvent dans les familles végétales suivantes : fabacées (Fabaceae), brassicacées (Brassicaceae), astéracées (Asteraceae), labiées (Lamiaceae), rosacées (Rosaceae), ombellifères (Apiaceae), ainsi que campanules (Campanula), saules (Salix) et vipérines (Echium).

Sont à favoriser en milieu urbain : saules (Salix), épines noires (Prunus Spinosa), lotiers (Lotus), trèfles (Trifolium), esparcettes (Onobrychis), vipérines (Echium), moutardes des champs (Sinapis Arvensis) et moutardes blanches (Sinapis alba), ainsi que d’autres brassicacées à grandes fleurs (Brassicaceae), campanules (Campanula), épiaires droites (Stachys Recta) et épiaires officinales (Betonica Officinalis), chardons (Asteraceae), ou encore centaurées (Centaurea), chicorées sauvages (Cichorium Intybus) et tanaisies communes (Tanacetum Vulgare).

Parfois, lorsque la richesse florale est faible tandis que la densité d’abeilles domestiques est élevée, les abeilles sauvages peuvent en pâtir localement. C’est là où l’apiculture bien pratiquée révèle toute son importance : une ruche ne se pose pas n’importe où, au risque de perturber l’équilibre présent.

Planter des plantes mellifères dans nos jardins pour aider nos abeilles

Les végétaux en fleurs, par leur diversité de couleurs, leurs parfums, l’abondance de leurs pétales captivent immanquablement notre attention.

Faisons-nous toutefois les bons choix de plantes et de fleurs pour habiller nos jardins ?

Nous oublions sans doute parfois que les insectes pollinisateurs nouent depuis plusieurs millions d’années des alliances bénéfiques avec les plantes. En échange d’une alimentation riche en protéines, ils prélèvent pollen et nectar, assurant ainsi un rôle primordial sur l’équilibre de notre biodiversité.

Favoriser la présence de plantes mellifères dans nos jardins, c’est donc aider à la protection des abeilles sauvages et autres insectes pollinisateurs tels que papillons, mouches, scarabées, et par extension, des oiseaux.

Cette biodiversité animale est aujourd’hui en souffrance de par nos activités humaines aux nombreuses conséquences néfastes. Protéger ces écosystèmes fragilisés DOIT être une évidence pour tous, et cela doit commencer maintenant.

Choisissez des fleurs moins conventionnelles, plus « sauvages » et donc plus robustes et mieux adaptées à l’alimentation des insectes. Votre jardin n’en sera que plus beau, et deviendra un espace de vie et de partage respectueux de la biodiversité.